Etamines
Etamines
Tous ces bons dieux d’polacks, nourris à coup de Sainte vierge
Béatitudes rances, têtes basses, cœurs aux cieux
L’œil bleu sur le carreau des fosses de Liévin.
Et les voilà rendus à cueillir la fougère
Au chant des compresseurs dans les tailles montantes
Ces veines d’anthracite, autrefois des forêts
Où seuls poussent encore les bois de soutènement.
Puis vinrent les enfants, courants sur les pavés de corons rectilignes
Avec pour horizon le beffroi des recettes, le vent des peupliers et leurs feuilles roussies
Leurs pères étaient maigres et leurs mères enclumes
Leurs filles s’enfuyaient aux bras de militaires, venus en garnison dans ces plaines austères
Elles emportaient le blé qui tapisse leurs têtes pour accorder leurs yeux aux couleurs d’autres cieux
Etamines légères emportées par l’autan, égratignant le bronze des hommes d’occident
Et le cœur des slaves vint battre sous l’emblave des sillons rougeoyants de Limagnes grandioses
De ces douceurs agrestes aux teintures de lait, coloriant au pastel leurs villages rustauds.
Leurs pères s’en retournent entassés dans les cages
Chevalements cathédrales, cordillères de terrils
Bornent ces univers striés de chemins de fer.